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Collège Claude Debussy
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La Guerche-sur-l’Aubois

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Le palais Jacques Coeur, ancien palais de justice du XIXème siècle, à Bourges.
Mardi 6 février 2024
Article mis en ligne le 12 février 2024
dernière modification le 19 février 2024

par M. Joumier, V. Château

Trois jours avant le décès de Robert Badinter (1928-2024), avocat et ministre de la justice qui a lutté toute sa vie contre la peine de mort en France puis dans le monde entier, les élèves de 4A ont visité le palais Jacques Coeur, situé à Bourges.

Construite au XVème siècle, cette résidence fut le symbole de la réussite de Jacques Cœur, riche marchand devenu argentier du roi Charles VII. Mais ce lieu a eu d’autres fonctions, notamment celle de palais de justice au XIXème siècle, il a alors subi de profondes transformations qui ne sont plus visibles aujourd’hui, depuis la restauration du palais. La visite guidée et accompagnée de documents nous a permis d’imaginer cette étape dans la vie du monument.

C’est à travers la thématique « Droit et justice, les femmes au XIXe siècle » que les élèves ont découvert différentes salles qui servaient de cour d’assises, de tribunal de 1ère instance, de cour d’appel ou encore de tribunal de commerce.

Après une matinée consacrée aux droits civils et sociaux appliqués aux femmes au XIXe siècle et au parcours de l’autrice George Sand, les élèves ont participé l’après-midi à un atelier d’écriture. Ils devaient rédiger une courte plaidoirie (défense ou accusation) d’après des affaires judiciaires du XIXe puis s’exprimer avec éloquence pour défendre au mieux leur client.

Certains ont apprécié plus particulièrement la visite du palais : « nous avons découvert l’histoire de ce palais » (Naël) mais la majorité a préféré l’atelier plaidoirie : « c’était intéressant de faire ce travail, c’était à nous d’agir » (Evan) ; « le moment le plus drôle » (Lucas) ; « c’était amusant de se faire passer pour des avocats » (Louis) ; « ce qui m’a plus plu c’est la plaidoirie en défendant des victimes » (Kelyo) ; « c’était très intéressant de se mettre dans la peau d’un avocat » (Shany) ; « ce qui m’a le plus plu c’est le travail de groupe » (Ylann) ; « un atelier très intéressant, nous avions des documents présentant des affaires et pour chaque affaire un groupe devait défendre et un autre accusait » (Nina).

Petit point sur l’inégalité de droits entre les hommes et les femmes au XIXe siècle en France :

La plupart des sociétés dans le monde se sont développées sur un modèle patriarcal, c’est-à-dire une société faite par les hommes avant tout pour les hommes.

En France, malgré les avancées en matière d’égalité sociale apportées par la Révolution française, formalisées notamment dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, les femmes restent dominées par les hommes tant pour ce qui concerne les droits civils que les droits sociaux. Ce texte majeur et célèbre dans le monde n’inclut pas les femmes qui ne sont considérées ni comme égales aux hommes dans la société (pas ou peu éduquées, cantonnées à la sphère privée et familiale, etc.), ni comme citoyennes (elles n’ont pas le droit de voter).
C’est pourquoi Olympe de Gouges, une femme très impliquée dans les débats de la révolution adresse en 1791 à la reine Marie-Antoinette un texte miroir du précédent : La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Quelques années plus tard, Napoléon Bonaparte, qui a pris la tête du pays en 1799 à la suite d’un coup d’État, dirige la rédaction d’un autre texte qui régit la vie des citoyens français jusqu’à nos jours : le Code civil. S’il subit des évolutions au fil du temps, elles sont toujours très lentes par rapport aux pratiques sociales qui changent plus vite. Par exemple, l’article interdisant aux femmes de porter un pantalon n’a été abrogé qu’en janvier 2013 ! Cela prête bien sûr à sourire, sauf si l’on comprend que le Code civil va constituer un véritable carcan retardant considérablement l’avancée des droits des femmes vers une égalité avec ceux des hommes.

Le procès en séparation de George Sand et Casimir Dudevant

Au tribunal de Bourges, les 25 et 26 juillet 1836 , un procès célèbre a eu lieu dans la salle d’audience de la Cour d’appel : le procès en séparation de George Sand et son mari, Casimir Dudevant (plus d’info dans le digipad).

Célèbre, car George Sand est déjà une écrivaine très connue en France, à la fois pour ses écrits et pour sa liberté de mœurs, mais célèbre également car elle obtient gain de cause contre son mari, ce qui est très rare à cette époque dans une société dominée par les hommes. Elle obtient la séparation de corps et de biens, ainsi que l’autorité parentale et la garde de ses enfants.

Pour bien comprendre la victoire que constitue le verdict de ce procès, il faut rappeler que selon le Code civil, d’une part, les femmes n’ont aucune autonomie sociale en France. Elles sont éternellement sous tutelle : soit celle de leur père, soit celle de leur mari. Et que, d’autre part, le divorce n’est plus possible, alors qu’il l’était à la fin du XVIIIe siècle.