Mardi 15 et 22 novembre, Maïa Napoléone, juriste au C.I.D.F.F. (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) est venue travailler sur ce sujet avec toutes les classes du collège.
La question a été abordée selon des problématiques différentes en fonction des niveaux, mais dans un même objectif : faire progresser l’égalité de droit entre les hommes et les femmes par des échanges entre élèves, en favorisant la prise de conscience d’une tradition culturelle marquée par le sexisme et la prédominance de l’homme sur la femme, et ses conséquences dans nos vies quotidiennes.
Au CDI, de nombreux documents permettent de prolonger cette réflexion.
En 6e-5e, mardi 15 novembre, nous avons travaillé sur les liens entre stéréotypes de genre et discrimination sexiste.
Les élèves ont pu échanger entre eux dans le cadre de débats mouvants. Il s’agit de se positionner à un endroit déterminé selon qu’on est d’accord, pas d’accord ou ni l’un ni l’autre, avec une affirmation affichée au tableau.
Par exemple, "Les filles sont-elles plus sensibles que les garçons ?" ou "Les garçons sont-ils meilleurs que les filles en mathématiques ?"
Ensuite, par groupe, les élèves discutent pour argumenter leur point de vue avant de le transmettre à la classe. Après chaque question, notre intervenante apporte des informations concrètes et notamment juridiques, puisque c’est son domaine de formation.
Les séances se terminent par une petite vidéo ou une infographie que l’on regarde et commente ensemble. On peut les retrouver sur un mur Padlet du CDI dédié à cette réflexion sur les liens entre stéréotypes de genre et sexisme.
Remarque de conclusion des séances : les discriminations sexistes, mais également toutes les autres, sont contraires à une valeur de notre république, l’égalité.
Mardi 22 novembre, Maïa est revenue pour travailler avec les classes de 4e et de 3e autour de la question des violences sexistes et sexuelles, dans le contexte bien précis des violences conjugales (violences au sein d’un couple).
Nous avons commencé par situer ces séances de réflexion dans un double contexte d’actualité : la marche du samedi 19 novembre organisée par #NousToutes dans toute la France et co-organisée par le C.I.D.F.F. à Bourges, et d’autre part la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre.
Au niveau 4e, nous avons réutilisé le dispositif du débat mouvant pour faire comprendre les notions de stéréotype de genre, de consentement et de violence conjugale.
En 3e, les élèves répartis en quatre groupes ont commencé par une lecture de documents (ci-joint dans le porte-folio). Après un échange par groupe sur le fond et la forme de ces documents, Maïa a fait avancer la réflexion en posant des questions auxquelles les élèves ont pu répondre en se référant à leurs documents.
Nous avons pu ainsi entrer plus précisément dans la compréhension des faits, à savoir que les féminicides progressent en France depuis 2020. Nous avons pu également examiner les phénomènes d’emprise et les formes diverses et graduelles que peuvent prendre les violences conjugales.
Grâce à l’article de l’Actu n° 6951 du 9 septembre 2022 "En 2021, en France, 122 femmes tuées par (ex)conjoint : + 20% en 1 an" (ci-joint dans le portefolio). nous avons pu constater que l’Espagne est très en avance, d’un point de vue judiciaire, pour protéger les femmes contre les violences conjugales.
- Ce sont des agents spécialisés qui prennent en charge les victimes de violences conjugales et chaque femme est suivie par le même agent tout au long de la procédure, alors qu’en France, plusieurs personnes traitent les plaintes successives, ce qui ne permet pas toujours de prendre conscience du danger.
- Des tribunaux spécialisés s’occupent uniquement de ces violences, avec des juges qui suivent une formation obligatoire. Les affaires sont traitées en quelques jours, alors qu’en France, il faut plusieurs mois, voire plusieurs années.
- Une protection systématique est mise en place dès les premiers signes sous la forme d’ordonnance de protection prononcée par le juge. En 2020, 25000 ordonnances de protection ont été délivrées en Espagne, contre 3500 en France.
- En Espagne, depuis 2009, des milliers de bracelets d’éloignement ont été déployés alors qu’en France, cet outil n’est mis en place que depuis 2020.
En vingt ans, le nombre de femmes tuées par leur conjoint a baissé d’environ 20% en Espagne. En France, l’année 2021 a enregistré 20% de féminicides de plus qu’en 2020.
Comment lutter ?
Un numéro de téléphone est dédié aux victimes de violences et fonctionne 24 h sur 24, 7 jours sur 7
On peut tous avoir un rôle à jouer en constatant des dérives dans les couples qui nous entourent et on peut aborder la question soit avec les victimes, soit avec les agresseurs.
Si une victime se confie, il ne faut jamais minimiser ce qu’elle nous raconte ou commencer par mettre en doute sa parole, au risque qu’elle se referme sur elle-même.
Une idée se profile assez nettement à l’issue de tous ces échanges : les discriminations sexistes héritées de notre histoire favorisent les violences conjugales. Si l’égalité de droit était mieux installée dans les mentalités et dans la vie quotidienne, les femmes ne seraient pas forcément plus touchées que les hommes par les violences conjugales. Rappelons les chiffres, sur 143 décès dans un cadre de violences conjugales en 2021, on dénombre 122 féminicides (voir infographie dans le portefolio).
Lutter contre les stéréotypes et le sexisme, c’est avancer vers une limitation de ces violences envers les femmes.