Lundi 14 octobre, à l’initiative d’un groupe d’élèves de terminale du lycée d’enseignement agricole privé de Bengy-sur-Craon, les élèves du collège ont pu rencontrer et échanger avec des personnes porteuses de handicap venues témoigner de leur vie au quotidien. Elles étaient accompagnées par les élèves organisatrices de l’événement et par une représentante de la délégation de Bourges de l’association APF France Handicap. Au niveau du collège, c’est Mme Terret, professeure d’EPS, qui s’est chargée de la planification et de la coordination de la journée.
Le matin, plusieurs classes se sont succédé dans les salles dédiées à cette action, à la rencontre de
Raphaël, qui est presque aveugle de naissance.
Il ne perçoit qu’à peine un peu de couleurs en vision centrale, sans accès à la 3D. C’est très compliqué pour lui de se déplacer, même s’il a développé d’autres sens pour compenser, comme l’ouïe, par exemple. Il craint énormément la circulation de vélos et de trottinettes sur les trottoirs où il pourrait pourtant se sentir en sécurité avec sa canne.
Raphaël, qui est paraplégique suite à un accident de moto. Il se déplace en fauteuil roulant.
Il nous a expliqué la difficulté qu’il y a à retrouver la motivation pour vivre et pour avancer après un accident qui vous prive d’une faculté à laquelle on ne fait même pas attention quand on peut le faire : marcher.
"C’est extraordinaire de pouvoir marcher !"
Il a évoqué l’extrême lenteur des petits progrès, pour se tenir assis, d’abord. Et le poids de ne rien pouvoir faire tout seul, pendant très longtemps. Et la joie de sentir une bouffée d’air frais, la première fois qu’il a pu retourner dehors. Puis le retour de la motivation qui est venu du fait de côtoyer des personnes qui étaient dans des situations pires que la sienne.
"Il y pire que moi, donc je dois progresser ! si je veux, je peux."
La motivation est essentielle dans la vie, nous a-t-il dit. Aujourd’hui, il a une vie presque normale. Il travaille dans la police, dans un service de procédure judiciaire.
Maïté, qui est malentendante depuis qu’elle est très jeune, suite à des otites à répétition alors qu’elle présentait déjà une fragilité naturelle. Son petit frère lui, est né malentendant.
Elle nous a parlé des difficultés qu’elle a rencontrées dans sa scolarité, en raison de son handicap, et même dans sa famille qui n’a pas compris tout de suite de quoi elle souffrait. Elle a aussi évoqué les moqueries qu’elle a subies de la part d’autres enfants tout au long de l’école primaire et du collège. Même adulte, elle a du mal a supporter le regard des autres s’ils lui font ressentir son handicap. C’est pour cette raison que, maintenant qu’elle a trente ans, elle a décidé de prendre les devants et de venir témoigner afin de faire évoluer l’attitude et les comportements envers les personnes porteuses de handicap. Nous faire comprendre que dans la vie, "il faut se battre deux fois plus au moins quand on est porteur de handicap et que cela peut nous arriver à tous", est important pour elle, et pour nous !
Thomas, qui est précoce dépressif et qui travaille en service civique à APF de Bourges, ainsi que Francis qui a été amputé du pied suite à un accident de la route, ont également exprimé que le fait de témoigner, de raconter leur histoire leur permet de dépasser leur handicap et de vivre mieux. Francis, qui était accompagné de son chien Moscato (ils ne se séparent jamais) a même écrit un livre !
L’après-midi, au gymnase, des parcours d’obstacles en simulation de handicap (fauteuil roulant, bandeau sur les yeux, canne, etc.) ont été proposés aux élèves et la journée s’est terminée par un goûter-debriefing.
Tout le monde est sorti plus riche de ses échanges et la journée a constitué un succès d’organisation pour les élèves de terminale dont l’enjeu était également de préparer une épreuve pratique de leur bac. Elles ont choisi notre collège car l’une d’entre elles y a été élève. Leur motivation pour organiser cette journée de sensibilisation venait du fait qu’elles avaient elles-mêmes été intéressées et touchées par un événement de ce type dans leur lycée l’an dernier. Elles avaient envie de faire partager ces rencontres.